_ Bonjour, Docteur ! Je suis venue
parce que je dois être malade. Je ne trouve pas d’explications… Hier soir j’étais
en train d’écrire une lettre, mais une lettre formelle, liée à mes études, ces
trucs bureaucratiques qu’on doit faire quand on finit une thèse. Rien à voir !
Et, soudainement, j’ai pensé à lui, dans son sourire et son regard amoureux, de
sa voix et ses mains me demandant souvent des caresses… Et puis de son rire après
un jeu de silences et de langage de corps. J’ai arrêté les bureaucraties et j’ai
commencé tout de suite à écrire un poème, Docteur ! Un poème ! Est-ce
grave, Docteur ?
Et la nuit, je voulais dormir, j’avais
sommeil même. Mais ça a suffi de poser ma tête sur l’oreiller que le sommeil a
disparu, évaporé ! J’ai pris donc le bouquin à côté, un roman de Mia
Couto. Mais sur la deuxième page je me suis rendue compte que ce n’était pas le
roman que je lisais, c’était son corps fluet, ses lèvres doux et son regard vif
que je lisais ! Mais je ne voulais pas, Docteur, je voulais seulement retrouver
mon sommeil. D’un coup, je n’arrivais même plus à dormir ! Parce que je ne
l’aime même plus, Docteur. Parce que tout cela, Docteur, tout cela n’existe
plus. Même lui, il n’existe plus ! Eh ben, tout au moins comme je lui
avais connu avant. Et si je le vois aujourd’hui, plus rien ne m’attire vers
lui, Docteur. Son regard et son sourire n’ont plus d’éclat, n’ont plus de vie.
C’est comme s’il était mort pour moi, vous comprenez, Docteur ? Mais son
fantôme m’apparaît encore et quand j’attends le moins. C’est peut-être un curé
qu’il fallait aller voir ? Ah, Docteur, même dans mes rêves il y est.
Alors, peu importe l’heure ou l’endroit où je suis, je me mets soudainement à
écrire sur ces conneries, des poèmes, Docteur ! Et ça fait des mois, des
mois, Docteur, que cela m’arrive ! Il n’existe pas une maladie de poème,
un disfonctionnement quelque part ? Est-ce dégénérative, Docteur ?
Est-ce grave ?
-Kamra Malka-
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