dimanche 21 juillet 2013

Maria Metade

Photo : Young David 

« Je n’ai jamais voulu. Ni prou, ni partie. Je n’ai jamais été moi, ni dona, ni dame. Je suis toujours restée entre le milieu et la moitié. Je n’ai jamais dépassé les mi-chemins, les mi-désirs, la mi-saudade. D’où mon nom : Maria Metade, Marie Moitié.

Si une voix de mâle m’avait invoquée. Si le désir de quelqu’un m’avait soustraite à l’absence. Si, au moins, j’étais tombée sur un homme entier, une personne finie. Mais non, il m’est revenu la moitié d’un homme. On dit en langue tournée : ma chère moitié. Eh bien celui-là, ni mien, ni cher. Et s’il n’était qu’une moitié, il serait tout entier un semimâle, il n’y aurait pas que sa chair. Pour que tous deux fussions un couple, il nous aurait fallu, enfin, être quatre ».

(Mia Couto, dans le livre « Le fil des missangas »)

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