samedi 20 juillet 2013

Feu de circulation


Photo : Rarindra Prakarsa

Son regard fatigué, ses yeux tristes à regarder dans les fenêtres des voitures, à demander un « petit quelque chose », sous la chaleur ou le froid, été ou hiver, me croisent depuis toujours dès que j’habite au nord de la ville. Et cela me casse le cœur. Il mal se tient sur ses jambes. Les douleurs et les batailles de sa vie sont estampées sur les rugosités de sa peau, dans ses yeux tristes et dans son corps harassé. Je n’ai souvent rien à lui offrir, parfois un petit sourire ou un silence imputé, parfois le pain ou l’eau que je venais d’acheter à moi-même. Pourquoi est-il toujours là ? Est-il vraiment nécessaire ? N’a-t-il personne dans sa vie pour « s’occuper » de lui ? Ce serait encore lui à « s’occuper » de sa famille ? N’aurait-il pas de famille ? L’autre jour je n’avais que des fleurs dans ma voiture. Un peu soucieuse de ce qu’il pouvait en penser, de bon cœur, c’est tout que je lui ai offert, avec un petit sourire. Il m’a aussi souri et a pris les fleurs. Dans ses yeux, un éclat indéfini, un silence ému.

-Kamra Malka-

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